Qu'est-ce que la force mentale ?

Carsten Hvid Larsen, psychologue du sport réputé, nous donne sa définition de la force mentale.

Baptiste Cheramy, Préparateur Mental

2/12/20253 min read

Pionnier dans le milieu du football par son apport sur la psychologie, le danois Carsten Hvid Larsen travaille désormais avec les équipes nationales masculines et féminines de son pays. Lors d'une interview réalisée par Nosotros, la question de ce que pourrait être la force mentale lui est posée.

1. Apprendre à se connaître...

Selon lui, la force mentale est le produit d'un travail sur un grand nombre d'habiletés psychologiques différentes dans le temps, comme la capacité à faire face à la pression, savoir quelles sont ses forces et faiblesses, savoir ce qui est important pour soi. Pour cela, il faut donc apprendre à se connaître travailler sur des aspects liés à l'identité, l'estime de soi, le soi, etc. Hvid Larsen évoque ainsi le fait que si l'on est quelqu'un qui est difficilement influencé par les distractions qui nous entourent, comme ses propres émotions ou pensées, et que l'on est capable de rester concentré sur ce qui compte pour nous comme ce qui nous motive et nos valeurs, alors c'est cela avoir de la force mentale. "La force mentale, ce n’est pas être un « Navy Seal » et être capable de faire des choses qui sortent de l’ordinaire. Il s’agit de se connaître et d’avoir le courage d’essayer de travailler sur soi-même, même s’il est parfois difficile de faire face à la vérité sur soi-même, sur qui nous sommes, sur ce que nous savons faire et ce que nous ne savons pas faire."

2. ...Pour mieux travailler sur soi

Avoir ce travail sur soi va nous permettre de reconnaître ce que je suis capable de faire ou de contrôler, et à l'inverse ce dont je ne suis pas capable. Par exemple, je ne peux pas contrôler si je suis titulaire ou sélectionné, cela relève de la décision de l'entraîneur. En revanche, je peux contrôler la qualité de mon entraînement, mon implication, ma préparation, ma récupération, etc. Chaque jour, je peux ainsi contrôler la manière dont je vais appréhender l'entraînement. Si je me concentre davantage sur ce que je peux contrôler, j'aurai ainsi moins tendance à me frustrer, et j'aurai plus la main sur ma progression. Carsten Hvid Larsen nous en donne un exemple via les jeunes joueurs qu'il suit : "Cela a donc des implications avant, pendant et après l’entraînement. Avant, cela signifie que le joueur doit se préparer, donc connaître les aspects qu’il doit développer, ce qui requiert une certaine conscience de soi. Pendant, il doit être impliqué. Cela signifie qu’il doit faire preuve d’une certaine intensité et de qualité. Ensuite, il doit évaluer ce qui a bien fonctionné et ce qu’il doit encore améliorer. Il y a aussi la partie récupération, au cours de laquelle le joueur rentre chez lui, mange et dort, car il a besoin de toute son énergie pour pouvoir recommencer le lendemain. Lorsqu’il est assez solide ou stable sur ces aspects, il commencera lentement à développer son capital confiance auprès du staff, car il sera en mesure d’être fiable, dans la durée. Il s’agit donc d’un équilibre délicat à trouver et le seul aspect sur lequel il a le contrôle, c’est ce qu’il fait par et pour lui-même, ainsi que sa manière d’interagir avec ses coéquipiers. Ce sont les seuls éléments qu’il peut contrôler, parce qu’il ne peut contrôler les décisions de l’entraîneur. L’entraîneur fait ses choix en fonction d’aspects culturels, d’une certaine perspective, d’une certaine philosophie ou stratégie. Le joueur n’a de contrôle, que sur ses propres actions. S’il perd cela de vue, si sa préparation et sa récupération ne sont optimales, alors, lentement, mais sûrement, il se retrouvera sans club, lorsqu’il sera en fin de contrat." 

Finalement, la force mentale, ce n'est pas faire des choses extraordinaires sur un terrain. Il s’agit davantage d’avoir le courage d’essayer de travailler sur soi-même, même s’il est parfois difficile de faire face à la vérité sur qui nous sommes, et ce que nous savons faire ou ne pas faire.